L’agression chez (et par) le chien
Publié le 7 Mai 2009
Agressivité et agression deux notions à distinguer :
- L’agressivité est une tendance naturelle, une pulsion de vie qui s’exprime partout, en tout temps… C’est exister.
- L’agression est une action, un passage à l’acte. C’est un comportement adaptatif à une situation donnée. En somme, c’est une réponse logique et cohérente (même lorsque cette agression est pathologique). L’agression fait parti du répertoire de communication de l’ensemble des êtres vivants.
Attention : dans une agression il y a toujours, au moins, deux sujets. Et celui qui réalise l’agression n’est pas forcément l’agresseur. Avant de condamner l’agresseur comme "chien mordeur", il est bon de s’interroger sur ce qui a provoqué l’action, sur le contexte.
L'échelle d‘agression est une représentation des attitudes et mimiques que tout chien donne en réponse à une escalade du stress et des menaces qu’il perçoit. Cela va d’interactions sociales et de tensions modérées, pour lesquelles le clignement d’œil et le léchage du nez sont des réponses appropriées à, plus grave, une agression avérée et à bon escient. Le but de ce genre de comportement est d’écarter la menace et de rétablir l'harmonie. La présence dans le répertoire du chien domestique de comportements pour apaiser et parer à la menace est essentielle pour éviter des agressions potentiellement dangereuses. Le chien est un animal social et le comportement d'apaisement lui offre une grande capacité d’adaptation. Il l’utilise en permanence et rituellement dans la vie de tous les jours.
Il est essentiel de réaliser que ces signes correspondent tout simplement à une séquence, liée au contexte et aux réactions, et aboutit ensuite à une agression menaçante ou réelle, quand le reste a échoué. Contrairement aux idées reçues persistantes, ces signes n’ont rien à voir avec un prétendu « état dominant ou soumis » vis‐à‐vis de l’individu en face. Pour tous les chiens, une réponse sociale inappropriée au comportement d'apaisement entraînera sa dépréciation et la nécessité, du point de vue du chien, de gravir les échelons de l’échelle d’agression. L'agression apparaît dans toute situation où le comportement d'apaisement est systématiquement mal compris et lorsqu’il ne permet pas d’obtenir le résultat escompté socialement. Les chiens peuvent évoluer vers une agression en quelques secondes lors d'un épisode unique si la menace se produit rapidement et de très près. Mais ils peuvent aussi apprendre à renoncer aux échelons inférieurs de l'échelle au fil du temps, si leurs efforts répétés visant à apaiser sont mal compris et que la réponse est inappropriée. En conséquence, une soi-disant réaction agressive « imprévisible », sans aucun avertissement évident, peut se produire dans n’importe quel contexte, du moment que ce contexte annonce une menace certaine pour le chien. Et cette agression est en fin de compte tout-à-fait prévisible.
Sources : Shepherd, K 2009. BSAVA Manual of Canine And Feline Behaviour, 2nd edition pages 13 - 16. Editors Debra F. Horwitz and Daniel S. Mills. Traduction libre de K. Barbéry, comportementaliste, consultante relation homme/chien (www.regarddechien.com)
Sanctionner le chien (à n'importe quel stade de ce répertoire) ne résoudra rien, au contraire. Le chien évitera les étapes pour lesquelles il a été sanctionné pour passer directement au niveau supérieure, en perdant par la même un répertoire logique, naturel, cohérent. Ses prochaines agressions n'en seront que plus violentes et même plus imprévisibles.
Rassurer le chien risque de renforcer ou de valider ses peurs.
Rester calme (ne pas crier ou gesticuler) évite d'ajouter du stress à une situation stressante.
Pour aller plus loin, voir aussi nos articles : Attention aux chiens - Conflits entre chiens - Facteur et chien - Signaux d’apaisements - Signaux d’apaisements (suite)